Lors de l’évènement Innov’Eco consacré à la végétalisation et agricultures urbaines, les participants ont choisi pour lauréat Agripolis pour le Tremplin PME Innov’Eco.
AGRIPOLISindustrialise l’aéroponie pour les fermes urbaines sur les toitures
Après presque deux ans de R&D et de pré–tests, le projet d’Agripolisprend aujourd’hui un tournant important en proposant au marché un concept fiable et validé de ferme urbaine. Dans l’esprit de son fondateur, Pascal Hardy, cette notion de «ferme urbaine» sous–entend bien une approche productive et rentable, permettant de produire avec une belle intensité légumes, fruits et fleurs de qualité à proximité des consommateurs. Et pour cela, Agripolis a retenu le principe de culture par aéroponie, c’est–à–dire où les racines des plantes sont à l’air libre et douchées régulièrement par d’eau et de nutriments, technologie que la start–up a industrialisé sous la forme de colonnes de culture légères (puisque sans terre) qu’on peut facilement placer sur une toiture plate, avec très peu de contraintes pour la structure du bâtiment. Chaque colonne (placée sur un espace d’un m2) offre 52 emplacements (ouvertures à collerette pour introduire les racines des plants au centre de la colonne), soit environ 6 fois plus de densité de culture qu’avec des plants au sol. Sans compter une possibilité plus grande de rotation de culture à l’année: 3 cycles de salade en extérieur (ou 5 si les colonnes sont insérées dans une serre).
Le résultat, c’est qu’à partir de 250 m2 aménagés avec de telles tours, on peut disposer d’une exploitation qui sera rentable, et amortie en investissement au bout d’environ un an. Mieux, ce type de culture, avec très peu d’eau (10 % de ce qui est utilisé en terre), des nutriments maîtrisés et sans pesticides, produit des aliments de qualité «équivalent bio» à des coûts de produits standards de l’agriculture traditionnelle. Cet équilibre financier tient tant à la productivité de l’approche qu’au modèle économique qui accompagne les projets d’Agripolis. L’idée de Pascal Hardy est en effet de monter ces fermes en fonction des débouchés de proximité identifiés et contractualisés: un supermarché qui souhaite répondre aux attentes de ces clients pour des produits de proximité et de qualité à des coûts accessibles, une cantine scolaire ou d’entreprise, un réseau de commerçants et restaurateurs du quartier, ou une résidence locative. La proximité garantit ainsi à la fois la maturité du produit (donc son goût), l’absence de logistique et la stabilité du débouché puisque le planning de production est discuté avec les partenaires clients. Agripolisdispose actuellement d’un premier démonstrateur implanté rue de Belleville à Paris, sur le toit d’une résidence locative du groupe CDC, avec commercialisation de paniers auprès des habitants. D’une centaine de mètres carrés, celui–ci devrait dans les prochains mois être étendu à 700 m2, et donc constituer le premier vrai démonstrateur à échelle commerciale de la start–up. Mais surtout il devrait être suivi rapidement d’autres car Pascal Hardy est sollicité de toutes parts actuellement pour créer des sites de référence dans des collectivités et pour diverses grandes entreprises: enseignes de la distribution, de l’agro–alimentaire, de l’hôtellerie, de l’immobilier ou de l’industrie.
Le démarrage commercial s’annonce donc assez massif pour Agripolis dès le printemps 2017, imposant pour la start–up de mener une levée de fonds (environ 1 M€). Il s’agit de supporter le lancement des productions des colonnes (les partenaires pour la chaudronnerie et le support intérieur en bambou sont arrêtés) et de renforcer leséquipes de vente, de logistique (approvisionnement, installation) et un peu d’exploitation. Car dans le modèle initialement prévu, Agripolis entend bien rester l’exploitant des fermes, notamment pour s’assurer de leur bonne gestion, mais avec tout ce que le numérique peut aujourd’hui apporter dans un tel projet. Afin d’optimiser cette gestion, la colonne a été pensée pour avoir un fonctionnement automatisé au maximum(arrosage séquentiel des racines par l’eau et les nutriments) avec l’ambition d’un pilotage de plus en plus fin des paramètres grâce à des capteurs connectés. Agripolis travaille pour cela avec une autre start–up, GreenHouseKeeper, basée à Montpellier, dont la spécialité est l’automatisation et le pilotage intelligent des cultures (principalement hors–sol) grâce à des capteurs de suivi de la concentration résiduelle en nutriments dans l’eau qui circule, suivi de la température, ainsi qu’exploitation de données visuelles. Agripolis se veut ainsi le porteur d’une vraie nouvelle filière d’agriculture de proximité et de précision, totalement ancrée dans les concepts d’agro–écologie.